Les pensées qui dérangent
Nous sommes des êtres complexes, faits d’un moi social, d’un moi plus personnel, d’un inconscient et généralement toutes ces facettes de nous cohabitent assez bien ensemble, elles s’équilibrent. On fait parfois des rêves étranges, voire dérangeants mais étant donné qu’ils veulent rarement dire ce qu’ils semblent nous montrer de manière évidente (Freud vous dira que c’est certainement une pulsion sexuelle refoulée) et que les souvenirs sont généralement lacunaires, on s’en remet rapidement. Parfois ça nous perturbe un peu mais ça ne dure jamais bien longtemps puisque ce ne sont que des rêves.
Maintenant, imaginez que vous ayez ces rêves dérangeants de façon plus récurrente et qu’au réveil le matin, ils vous laissent une impression étrange. Imaginez que vous vous en souveniez clairement et que cela vous plonge dans un stress quotidien, celui d’aller dormir le soir et de refaire ces rêves. Une part de vous se demande si vous seriez capable de telles atrocités, si c’est un signe, si il s’agit de pulsions refoulées, si elles attendent tapies dans l’ombre avant de vous submerger.
Imaginez ensuite que ces rêves dérangeants vous arrivent également en pleine journée, sous forme de pensées, de doutes, de scénarios horribles qui s’élaborent méticuleusement dans votre tête et que vous ne parvenez pas à réprimer. Ça vous obsède : la mort d’un proche, le chagrin de l’abandon, la honte d’avoir failli… Vous commencez à douter de votre santé mentale, peut-être que quelque chose ne tourne pas rond chez vous ?
Ce que je viens de vous décrire, ce n’est pas le profil d’un serial killer, d’un pervers ou même d’un fou. Non, c’est le profil de quelqu’un qui souffre d’un trouble anxieux. Quand on pense aux anxiétés, on pense rarement aux obsessions. On parle ici de trouble obsessionnel compulsif ou TOC. Mais les TOC, c’est pas quelqu’un qui se lave 40 fois par jour ou qui aligne tous les objets chez lui ? Oui, ça peut. Mais on connaît moins les TOC qui n’ont pas d’objet concret, qui se fondent juste une pensée parasite, qui poussent l’individu au mutisme, au repli sur lui-même et à la souffrance sourde.
Comment se sort-on de ça ? La première étape et qui est certainement la plus difficile, c’est d’arrêter d’en avoir peur. Parce que plus on se crispe, plus on redoute l’arrivée d’une nouvelle pensée obsédante et plus on la favorise. Il faut partir du principe que nous avons tous des pensées dérangeantes. Mais quand on a un profil anxieux avec une tendance à se dévaluer, le cerveau tourne en boucle dessus jusqu’à en perdre le sens pour ne plus laisser qu’un sentiment incontrôlable de peur. Il faut pouvoir les accueillir, les regarder en face sans les juger et se laisser traverser sans forcément avoir de réponse à y apporter.
La peur survient simplement parce que vous ne vivez pas avec la vie – vous vivez dans votre esprit.
Sadhguru
Parfois les peurs et le mécanisme d’escalade de la peur sont tellement ancrés qu’il est nécessaire de consulter mais ce n’est en rien un constat d’échec. Aujourd’hui, en thérapie on dispose de plein d’outils pour venir changer les associations mentales et recréer de nouvelles connexion neuronales : art thérapie, hypnose, sophrologie, méditation guidée, TCC, etc. Aussi pénible que cela puisse être, ce n’est absolument pas définitif.
Il arrive aussi que ce type de pensées soient liées à d’autres pathologies que les troubles anxieux mais de même, cela ne signifie aucunement qu’elles ne peuvent évoluer positivement, que du contraire. Une fois la pathologie cernée, le thérapeute pourra vous proposer la technique ou le mélange de techniques qui vous correspondra le mieux.
